Georges Vende (1924-2017)

 

En juin 1944, la ville de Coutances subit un premier bombardement. Georges Vende, 20 ans, vient d’accepter de conduire l'ambulance. Avec Roger Lefranc, ils transportent blessés et morts vers l'hôpital. Second bombardement, l'hôpital est touché. Le directeur, Monsieur Chelet et le Docteur Guillard décident de transférer l'hôpital à Agon-Coutainville. Villas et hôtels seront réquisitionnés pour héberger blessés et malades mais aussi les indigents, nombreux a cette époque.

Toutes les personnes qui pouvaient marcher, font le trajet à pied (une quinzaine de kilo­mètres). Georges Vende assure le transport des blessés les plus graves, le camion Gringore celui des blessés légers et des vieillards (environ 400). On peut facilement imaginer que ce ne fut pas une partie de plaisir !

Le transfert terminé, il y a toujours des blessés à transporter, du matériel médical à récupérer, du ravitaillement à aller chercher dans les fermes (il sera réparti entre les hospitalisés et les réfugiés) et cela sur des routes bombardées et mitraillées.

Le 26 juillet 1944 à Tourville, un des 3 véhicules de leur convoi est mitraillé, tuant les 3 passagers ; cet accident marquera particulièrement Georges Vende et Roger Lefranc.

La formation d'électricien et de mécanicien de Georges Vende furent d'une grande utilité pour le fonctionnement du bloc opératoire (scialytique improvisé avec des phares de voitures, alimentés par des batteries rechargées quotidiennement à la génératrice de l'hôpital). Cela permet aux 3 chirurgiens, les docteurs Guillard, Livory, et Kerner de travailler inlassablement. Le 7 juillet, le moteur de l'ambulance coule une bielle. Coup dur, mais Georges Vende connaît le dépôt des allemands et va récupérer un moteur avec Roger Lefranc et Monsieur Rocher, sur une « Matford » de même type. Ils sont surpris par les Allemands, menacés de mort et sauvés par Monsieur Agostini, juge, chargé de surveiller l'opération. Le lendemain, l'ambulance roulera de nouveau.

 

Reconnaissant les compétences, le courage et la disponibilité de monsieur Vende, le directeur, Monsieur Chelet, lui propose, entre autres, de travailler à l'hôpital. Le 7 octobre 1944, il intègre l'établissement en tant qu'ambulancier. Il terminera sa carrière à l'hôpital en tant que Chef d'atelier en 1983.

 

 

Roger Lefranc (1926-2018)

 

Roger Lefranc est né le 17 décembre 1926. Il est le quatrième de 7 enfants. À 14  ans, il est envoyé comme commis dans des fermes. À 14 ans et demi, il contracte la tuberculose et est soigné à l'hôpital de Coutances jusqu'à ses 16 ans. Pendant son séjour à l’hôpital, il est amené à aider Gustave Rocher, l'ambulancier. Le soir du premier bombardement, il se joint à Gustave Rocher pour secourir les blessés. Vers minuit, au moment de la deuxième vague de bombardements, ce dernier décide de partir mettre sa famille à l'abri. L'ambulance n'a plus de conducteur.

C'est le lendemain que Georges Vende, se présentant au directeur de l'hôpital, se voit confier l'ambulance. Georges Vende accepte cette responsabilité assisté de Roger Lefranc comme aide-ambulancier, mais aussi guetteur anti-aérien, posté sur l'aile de l'ambulance avec un drapeau blanc, car les Américains bombardaient tout ce qui roulait et le toit de l'ambulance n'était pas pourvu de croix rouge. Il a ainsi souvent sauvé la vie de Georges Vende et des passagers qu'il transportait en signalant l'arrivée d'avions et en permettant de se mettre à couvert.

Les blessés et les morts du premier bombardement sont regroupés à l'hôpital ; les morts sont déposés sous les tilleuls, dans la cour par les religieuses dans des draps et des couvertures. Identifiés si possible par les séminaristes, ils sont ensuite transportés dans les charrettes à chevaux des cultivateurs des environs, jusqu'au cimetière de Coutances, et enterrés dans une fosse commune.

Le 13 juin, un nouveau bombardement touche la clinique. Le Docteur Guillard qui en est le directeur et le maire de Coutances, réquisitionne Roger Lefranc pour évacuer les blessés et opérés par les fenêtres, au moyen d'échelles, l’escalier d'accès ayant été détruit Les patients sont ensuite déposés sur des matelas et transportés à l'hôpital par des séminaristes.

 

Après la libération de Coutances et de ses environs, au mois d'octobre, Roger Lefranc rapatrie l'hôpital (patients et matériels) toujours avec Georges Vende, sous la houlette du directeur, Monsieur Chelet et du Docteur Guillard. Il poursuit son travail d'aide ambulancier jusqu'en octobre 1945. Il part ensuite à Saint-Fromond, travailler en carrière, avant de rejoindre Cherbourg où il apprend le métier de maçon et crée son entreprise.